Un petit coin de paradis

Rodolph Balej

Pas besoin d'aller à l'autre bout de la Terre pour trouver des plages idylliques n'ayant rien à envier à celles des Antilles ou de Floride (exception faite de la température de l'eau et de l'air!). 2010 m'aura ainsi offert l'opportunité de découvrir un petit trésor de notre patrimoine naturel : le Banc-de-Portneuf. Sis sur la rive nord de l'estuaire maritime du Saint-Laurent, dans la municipalité de Sainte-Anne-de-Portneuf, le site est une barre de sable flirtant avec le fleuve sur environ quatre kilomètres. Sa situation privilégiée à l'embouchure de la rivière Portneuf, conjuguée à la mosaïque d'habitats qui le composent - plages, dunes, boisés, marais salés - le rendent particulièrement attrayant pour la faune aviaire. Il est d'ailleurs considéré d'importance mondiale pour plusieurs espèces, notamment le pluvier argenté, le bécasseau minuscule, le tournepierre à collier, le bécasseau sanderling, le bécasseau semipalmé et le bécasseau à croupion blanc. Plusieurs dizaines de milliers d'oiseaux de rivages peuvent en outre y être observés durant les migrations printanière et automnale, ce qui en fait la « Mecque » des amateurs de limicoles au Québec! Pour cette raison, le Banc-de-Portneuf a été désigné comme une Zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO), une reconnaissance sans portée juridique dont l'objectif est surtout de sensibiliser les décideurs et les promoteurs à sa grande valeur écologique. Toutefois, plusieurs perturbations menacent la naturalité du site - victime de son succès - dont les plus préoccupantes sont l'altération du couvert végétal par les VTT, le dérangement des oiseaux par les visiteurs et les bateaux, la contamination du marais par les eaux usées, les déversements de produits pétroliers... ainsi que l'érosion liée au changement climatique. Souhaitons que ces quelques arpents d'Éden, situés pour partie en deçà du niveau des hautes eaux, résistent encore longtemps à la voracité grandissante des vagues!