Wow, quel panache!
Rodolph Balej
Nous avons tous nos coups de coeur... J'ai quant à moi le béguin pour l'orge queue d'écureuil (Hordeum jubatum), aussi connue sous les jolis noms de finette et d'orge agréable, des appellations bien curieuses si l'on considère que cette graminée est généralement perçue comme une mauvaise herbe et, comme telle, mise à l'index par un règlement ministériel. Certes, dans les pâturages ou mélangés au foin, les épis de l'orge queue d'écureuil, lesquels sont munis d'arêtes barbelées, peuvent occasionner de sévères blessures aux animaux d'élevage - plaies et ulcérations à la bouche, aux naseaux ou aux yeux. Il reste que, du point de vue de l'écologue, cette "indésirable" joue un rôle important dans les écosystèmes. De fait, l'orge queue d'écureuil est une vivace qui colonise des habitats perturbés, des lieux incultes et des substrats saturés en sel où bon nombre d'espèces végétales ne pourraient pas s'établir. Là où elle pousse, elle modifie les conditions du sol et le rend, à la longue, plus hospitalier à d'autres végétaux qui pourront bientôt y prendre racine. Sans elle, certains milieux seraient donc condamnés à la stérilité. Sa résistance exceptionnelle à la sécheresse et à la salinité en font d'ailleurs une espèce très prisée pour le "paysagement" des emprises routières, l'aménagement de toits verts et la végétalisation de sites miniers ou urbains. Plus subjectivement, quel biodivertissement que de contempler ses chaumes jaune paille onduler au gré des fantaisies du vent : du sucre d'orge en intraveineuse!