Le mallard noirâtre
Rodolph Balej
Le canard noir (Anas rubripes) est souvent confondu avec le canard colvert, aussi appelé mallard, dont il se différencie par son miroir d'un bleu métallique et, surtout, le dessous des ailes pâle, un critère bien visible en vol. Le canard noir était autrefois le canard le plus répandu de l'Est de l'Amérique du Nord. Toutefois, les populations ont chuté de près de la moitié depuis les années 1950, atteignant leur niveau le plus bas vers 1980. Les causes sont multiples, au premier rang desquelles se trouvent la perte d'habitats de reproduction et d'hivernage et la chasse intensive. Mentionnons également la compétition accrue avec le canard colvert, une espèce génétiquement proche avec laquelle il peut s'hybrider, qui occupe la même niche écologique et qui a fait l'objet de lâchers intensifs. à cela il faut ajouter l'utilisation de produits toxiques (notamment d'insecticides pour lutter contre la tordeuse des bourgeons de l'épinette) et les précipitations acides qui ont pour effet de réduire la biomasse d'invertébrés aquatiques servant de nourriture aux canetons et juvéniles. Cette situation préoccupante a conduit, en 1986, à la ratification du Plan nord-américain de gestion de la sauvagine entre le Canada et les Ãtats-Unis. Le Mexique s'est joint à la démarche en 1994, lui donnant ainsi une dimension continentale. L'objectif principal de ce plan d'action est de protéger et de mettre en valeur les milieux humides en vue de permettre le rétablissement des populations de certains palmipèdes. Cette initiative a permis, dans un premier temps, d'enrayer le déclin des populations de canard noir. Aujourd'hui, les marais du Saint-Laurent ont retrouvé leur émulation d'antan, pour le plus grand plaisir des riverains, des observateurs d'oiseaux, des amants de la nature et des chasseurs!